Par Fateh. S.
Le peuple veut la paix et il a voté pour la paix. A travers Bouteflika, c'est la paix qui a triomphé. Que pouvons nous faire sans la paix ? qui a le plus à cœur, avec forte conviction, fort engagement, avec grande compétence, de ramener la paix ? Le peuple désigne Bouteflika comme l'homme de la paix. La paix encore, la paix toujours. Pour nous, pour les générations futures. Les raisons de voter pour Bouteflika sont innombrables. C'est l'homme de la réconciliation tous azimuts. Entre ceux qui ne se reconnaissaient pas mutuellement le droit à l'existence politique. Entre les générations. Entre les décennies. entre le passé. Le présent et l'avenir. C\'est l'homme du désenfermement de l'Algérie. c'est l'homme de la dignité retrouvée. C'est l'homme qui permet de donner un sens à l'action politique, à la citoyenneté, au militantisme. L'élection de Bouteflika aura des implications importantes dans tous les domaines, sur le plan de la cohésion par la soudure des fractures, sur le plan politique par la réhabilitation du champ politique, par la réhabilitation du politique, sur le plan économique par une confiance internationale à l'égard de la stabilité de l'Algérie et des institutions, sur le plan international, par l'achèvement de la destruction du mur de méfiance qui était érigé autour de l'Algérie. Une campagne électorale exemplaire, consacrée par le respect à l'égard de ses adversaires, jamais d'invective, jamais de critiques à l'égard des candidats, ni même à l'égard de leur programme. Avec conviction, avec clarté, avec pédagogie, Bouteflika ne s'est occupé que de son propre programme, que d'expliquer ses idées, que de donner une lecture de l'avenir que son programme promet pour l'Algérie. Il n'a ménagé aucun effort pour expliquer, ré-expliquer, ce qu'il veut faire pour l'Algérie, dans toutes ses composantes. Il n'existe nul sujet qu'il n'ait pas abordé. Il a réussi à créer l'espoir, à donner une lecture d'un avenir démocratique, d\'un avenir de développement, d'un avenir qui a fait naître des aspirations. Il n' y a pas d'autre moyen possible de gagner une légitimité qu'en comptant sur son seul programme. Et c'est ce que le Président a fait, loin de toutes surenchères, loin de toute démagogie. Il a su extirper les germes de l'angoisse dans les milieux défavorisés, il a su extirper les germes des inconciliations, des intolérances dans le champ politique, il a redonné le goût de vivre et d'espérer à ceux qui attendent un emploi, à ceux qui attendent un toit. Son programme est celui de la relance, de la croissance économique, de la satisfaction des attentes socio-économiques des populations. Le citoyen n'est plus un individu. Il participe à la vie économique, sociale, politique de son pays. C'est cela le programme du Président, c'est ce programme que le peuple a choisi. En votant pour Bouteflika, le peuple a accordé son satisfecit au bilan présidentiel. Il en a évalué les retombées sur sa vie, sur ses conditions de vie, sur l'avenir et a conclu qu'un programme qui gagne ne doit pas être interrompu. Il doit continuer à produire des bienfaits et c'est ce que le peuple a décidé pour être au rendez-vous avec d'autres conquêtes, avec d'autres acquis à consolider. C'est la première élection présidentielle du troisième millénaire et l'Algérie effectue un bond qualitatif dans la certitude, avec la conviction qu'elle en a fini avec tous les périls, et définitivement. Oui, l'Algérie va devenir une référence pour les pays en voie de démocratisation. Elle se démocratise sans pression aucune, puisant ses ressources dans la volonté populaire, un peuple qui constitue un exemple pour son aspiration à la démocratie, pour son aspiration à la paix, pour son aspiration à avoir une place de dignité dans le système des relations internationales. C'est ça l'Algérie. C'est ça le peuple algérien. Et c'est ça son Président. Une totale communion.
El Moudjahid : Vendredi 09 avril 2004
ELECTION PRESIDENTIELLE CONTESTEE DE ABDELAZIZ BOUTEFLIKA
Forte abstention et multiples dépassements
Par Akram Kharief
La journée de ce 8 avril fut longue, d'aucuns diront que c'étaient
le jour et la nuit. Le jour pour l'ouverture des bureaux de vote et la nuit
des longs gourdins lors de la manifestation réprimée à
la place 1er Mai. Les matins de vote habituellement ronronnants à Alger
furent cette fois bousculés par une affluence plus forte. Les Algériens
votent, comme ils l'ont toujours fait, sereinement et avec bonhomie. A 9 h
30, le taux de participation est connu : 18,44 %. La hausse par rapport aux
scrutins de 1995 et de 1999 est confirmée. L'annonce est largement
relayée par les médias lourds, les opposants à l'abstention
croisent les bras. "C'est bien parti !", affirment-ils. La Kabylie
n'a pas voté ou très peu. A Tizi Rached et à Fréha,
l'ambiance est électrique, des heurts éclatent et les centres
de vote sont pratiquement inaccessibles. Tendance confirmée à
la mi-journée où le scrutin arrive à peine au seuil des
10% dans ces deux villes. Le taux national est, lui, de 33,35% à 13h.
16 h, la tendance est au reflux, la barre fatidique des 50% n'est pas encore
franchie, le déclic tant attendu n'a pas eu lieu. Les Algériens
ne rééditeront pas l'élection de 1995. Comme prévu,
le wali d'Alger prolonge le scrutin d'une heure. A 20 h, le dépouillement
commence : 57,78% d'électeurs se sont prononcés, un taux très
faible pour un enjeu aussi important. Quelques minutes plus tard, une rumeur
circule : Bouteflika avait fait un raz de marée un peu partout dans
le pays.
El Watan : 10/04/2004
par Sihem H -
Le candidat Abdelaziz Bouteflika a été réélu largement
au premier tour de l'élection présidentielle avec près
de 8,5 millions de voix, soit 83,49 % des suffrages exprimés, a annoncé
officiellement hier le ministre de l'Intérieur M. Zerhouni.
Ses partisans, qui ne se doutaient point de sa réélection, avouent
toutefois leur surprise et qualifient la victoire de Bouteflika de véritable
raz-de-marée. Abdelaziz Bouteflika, selon les données du ministère
de l'Intérieur, a damé le pion aux cinq autres candidats dans
46 des 48 wilayas.
Il a été largement devancé par Benflis à Mila,
seule wilaya où l'ex-chef de gouvernement a pris la 1ère place
avec 74 % des voix contre 9 % pour son adversaire. A Tizi Ouzou, Bouteflika
a été devancé par respectivement Saïd Sadi et Ali
Benflis.
Lors du point de presse de déclaration des résultats, M. Zerhouni
a pris le soin de préciser que les chiffres des voix obtenues par chacun
des candidats est conforme à certaines circonstances ayant précédé
le scrutin. Il s'agit de l'élection pour le Conseil de la nation où
l'alliance présidentielle a décroché la majorité
des sièges, du recueil des signatures et du nombre de personnes ayant
assisté aux meetings lors de la campagne électorale.
Les cinq candidats, Ali Benflis, Abdallah Djaballah, Saïd Sadi, Louisa
Hanoune et Fawzi Rebaïne totalisent 16,51 % des voix. Classé en
deuxième position, Benflis n'a pu obtenir que 806 458 voix, soit 7,93
% des suffrages exprimés, suivi du représentant de la mouvance
islamiste, Abdallah Djaballah, avec 492 015 voix (4,84 %), en net recul par
rapport aux résultas de son parti lors des législatives et des
communales de 2002.
Saïd Sadi arrive en quatrième position avec 196 434 voix soit
1,93 %. Louisa Hanoune est classée en cinquième position avec
118 367 voix représentant 1,16 % des suffrages exprimés. Rebaïne
clôt la liste avec 65 073 voix, soit 0,64 %.
Ce dernier n'a même pas pu rééditer son exploit des 75
000 signatures récoltées pour le dépôt de son dossier
de candidature auprès du Conseil constitutionnel. Bouteflika s'est
classé premier en totalisant 77,44 % des suffrages exprimés
par notre communauté à l'étranger.
Lors de son dernier meeting éléctoral à la Salle Harcha
à Alger, Bouteflika ne cessait de répéter qu'"un
candidat qui n'obtiendrait pas la majorité écrasante n'a qu'à
rentrer chez lui". Visiblement les appels du candidat lancés lors
de ses 54 meetings animés à travers tout le territoire national,
invitant le peuple à trancher entre "la continuité"
et "l'aventure", ont eu les résultats escomptés.
Les résultats définitifs et officiels de l'élection présidentielle
seront proclamés par le Conseil constitutionnel dans 10 jours, conformément
à l'article 167 de la loi organique relative au régime électoral.
S. H.
le jeune indépendant : samedi 10 avril 2004
C'est fait, Abdelaziz Bouteflika, avec son score à la Ceausescu,
a finalement réussi par nous faire revivre les années Boumediène
: 83,49 % ! Il fallait quelque talent pour réaliser ce vieux rêve,
du talent mais aussi beaucoup de cette mégalomanie qui fait les grands
tyrans et dont, visiblement, Bouteflika n'est pas dépourvu. L'homme
a fraudé pour régner en maître, pour être ce Président
" fort " qui abattrait la hiérarchie militaire, pour humilier
ses adversaires et pour prendre ses revanches.
L'Administration a assuré les bulletins falsifiés, l'électorat
du FIS dissous a fait le reste.
Il est encore trop tôt pour percer l'énigme du 8 avril : comment
le Président-candidat a-t-il pu piéger les généraux
et l'appareil du FLN ? Connivence ? Chantage ? Habileté décisive
dans l'art de la falsification et de la mise en scène ? On le saura
bientôt. Ce qui, pour l'heure, est certain, c'est qu'avec pareil plébiscite,
Abdelaziz Bouteflika va s'autoriser la puissance des grands censeurs : il
va s'attaquer au pluralisme médiatique en l'amputant des journaux qui
le dérangent ; il va restreindre les libertés politiques et
syndicales ; il va pourfendre les contre-pouvoirs. Dès le printemps,
il entreprendra de dissoudre l'Assemblée et dès l'automne il
proposera une nouvelle Constitution qui consacrera le pouvoir personnel, selon
le modèle tunisien. Son énorme score du 8 avril va surtout lui
donner le tonus nécessaire pour décapiter la caste des généraux,
en présenter certains devant des juges français pour l'affaire
de Tibhirine, pousser d'autres à la retraite et éliminer ainsi
d'encombrants adversaires pour sa stratégie de " réconciliation
" avec les islamistes.
Faut-il se résigner ? Surtout pas. Face à l'autocrate falsificateur,
il faut surtout savoir rester debout. Il y va du sort de l'Algérie.
Personne n'a le droit, aujourd'hui, maintenant, de tergiverser, de se laisser
gagner par le découragement. D'abandonner la terre violée. Pour
notre part, nous tirons toutes les leçons de cette terrible désillusion,
et d'abord celle-là : le système ne changera jamais de l'intérieur.
Il faut encourager et accompagner un vrai mouvement social. Il naîtra
tôt ou tard. Face à l'autocrate, nous irons jusqu'au bout.
Le Matin : samedi 10/04/2004
Algérie : Abdelaziz Bouteflika réélu président
Une manifestation conduite par trois candidats, Saïd Sadi, Abdallah Djaballah
et Ali Benflis, a été réprimée jeudi soir à
Alger par la police anti-émeutes, alors que les sympathisants de M.
Bouteflika parcouraient, dans la liesse, la capitale.
Abdelaziz Bouteflika, a été réélu jeudi 8 avril
au premier tour de l'élection présidentielle en Algérie
avec 83,49 % des voix, a annoncé vendredi le ministère de l'intérieur.
M. Boueteflika devance son principal rival et ancien homme de confiance Ali
Benflis qui recueillerait 7,93 % des voix, lequel a délcaré
qu'il ne reconnaissait pas "ces élections basées sur la
fraude généralisée". Pour M. Benflis, le dirigeant
nord-coréen Kim Il Sung "n'aurait pas fait mieux". L'islamiste
radical Abdallah Djaballah a obtenu 4,84 % des voix ; le représentant
du courant laïque Saïd Sadi, président du Rassemblement pour
la culture et la démocratie (RCD), 1,93 %, qui a qualifié la
victoire de "Boutef" de "grossière"; La porte-parole
du Parti des travailleurs (PT), la trotskyste Louisa Hanoune, obtiendrait
1,16 %, et, l'outsider de cette élection, le président du parti
nationaliste Ahd 54, Ali Fawzi Rebaïne, est crédité de
0,64 %.
M. Zerhouni a réfuté "catégoriquement" toute
fraude assurant qu'une "surveillance totale" avait été
assurée par les représentants de chaque candidat et les observateurs
internationaux qui ont assisté aussi bien aux opérations de
vote qu'au dépouillement.
Le messages s'adressent aux adversaires de M. Bouteflika, qui n'avaient pas
attendu la fin du scrutin, marqué par un duel avec son ancien chef
de gouvernement et candidat du FLN (Front de libération nationale),
Ali Benflis, pour dénoncer une "fraude qui a commencé à
fonctionner".
Trois candidats, Saïd Sadi, Abdallah Djaballah et Ali Benflis, avaient
affirmé que "des informations" en leur possession indiqueraient
qu'aucun des six candidats ne serait élu jeudi. "A la lumière
d'informations recueillies auprès de toutes les permanences des trois
candidats (...) il s'est avéré que la tendance générale
va vers un scrutin à deux tours", ont indiqué ces adversaires
de M. Bouteflika dans un communiqué parvenu jeudi soir à l'AFP,
avant la clôture officielle du scrutin. Si aucun candidat n'avait obtenu
la majorité des suffrages, un second tour aurait été
nécessaire, ce qui aurait constitué une première en Algérie.
"L'ÉLECTION A ÉTÉ ÉQUITABLE"
La direction de campagne du président sortant, Abdelaziz Bouteflika,
avait très rapidement répliqué en accusant ses adversaires
de vouloir s'imposer en recourant à "la rue". Voyant "une
claire volonté de recourir à la rue pour imposer le fait accompli"
de la part de ces trois candidats, la permanence de M. Bouteflika avait averti
"qu'un tel procédé, expression d'un échec annoncé,
est porteur de dangers graves pour toute la nation".
D'ailleurs, une manifestation conduite par ces trois candidats a été
réprimée jeudi soir à Alger par la police anti-émeutes,
alors que les sympathisants de M. Bouteflika parcouraient, dans la liesse,
la capitale, ont rapporté des témoins, selon lesquels plusieurs
journalistes algériens et étrangers ont, au cours de ces incidents,
été passés à tabac. La police aurait confisqué
le matériel de certains journalistes.
Le principal rival de M. Bouteflika, Ali Benflis, a fait savoir, avant l'annonce
des résultats officiels qu'il allait engager des recours. Aucun de
ceux qui contestent le déroulement du scrutin n'a cependant présenté
de preuves à l'appui de ses accusations. Selon Ali Mimouni, porte-parole
de M. Benflis, le FLN déplore que ces fraudes, "retardent l'accession
de l'Algérie à un système politique démocratique".
Des accusations de fraude ont accompagné chaque élection en
Algérie depuis l'avènement du pluralisme voici quinze ans. En
1999, Bouteflika avait été élu avec autour de 74 % des
suffrages, alors que tous les autres candidats s'étaient retirés
du scrutin, en hurlant à la fraude.
"L'élection a été équitable", a affirmé
pour sa part Toufik Khelladi, haut responsable de l'état-major de campagne
de M. Bouteflika. "Les informations dont nous disposons jusqu'à
présent montrent que notre candidat est largement devant les autres.
Il est clair qu'il n'y aura pas de second tour. Mais comme en football, vous
ne connaissez pas le résultat tant qu'il n'y a pas eu de coup de sifflet
final", a précisé M. Khelladi. Le directeur de campagne
de M. Bouteflika, Abdelmalek Sellal, présentait la situation de la
même façon : "Notre candidat est très largement devant
tous les autres, selon les bulletins déjà dépouillés."
Le vainqueur devait obtenir plus de 50 % pour être élu dès
le premier tour, faute de quoi un second tour, prévu le 22 avril, devait
départager les deux candidats arrivés en tête jeudi. 124
observateurs internationaux ont supervisé ce scrutin, pour lequel la
loi électorale a été amendée et permet aux candidats
et à leurs représentants de suivre toutes les opérations
de vote et de dépouillement.
L'ARMÉE AVAIT PROMIS DE NE PAS INTERFÉRER
Le ministère de l'intérieur a fait état d'un taux de
participation de 57,78 % à la présidentielle, contre 46 % pour
les élections législatives de 2002. Lors de la présidentielle
de 1999, ce taux était de 60,25 %. Les analystes expliquent ce taux
élevé par le fait qu'un grand nombre d'électeurs ont
vu dans cette élection le scrutin le plus libre jamais organisé
en Algérie.
L'armée avait, cette fois-ci, fait sans précédent, publiquement
promis de ne pas interférer dans le résultat des élections.
Son patron, le général de corps d'armée Mohamed Lamari,
a déclaré à plusieurs reprises que l'armée ne
"soutenait" ni "n'était contre" aucun des candidats.
Des scènes de fête ont marqué la soirée de jeudi
dans Alger, où l'on agitait des drapeaux depuis les voitures, les balcons
ou les toits. Jusque tard dans la nuit, on pouvait entendre des coups de klaxon
en signe de réjouissance.
Le responsable de la commission politique nationale de surveillance de l'élection
présidentielle, Saïd Bouchar, a déclaré que le scrutin
pour désigner le troisième président de l'ère
pluraliste en Algérie s'était déroulé normalement,
à l'exception d'incidents isolés, des urnes ayant été
brûlées en Kabylie. Dans cette région, en fronde ouverte
contre le pouvoir d'Alger, 612 bureaux de vote ont été "saccagés"
ou "empêchés d'ouvrir" par des jeunes gens répondant
au mot d'ordre de grève d'une aile des âarchs (tribus kabyles)
hostile à cette élection.
Malgré ces incidents, sans conséquence majeure sur le déroulement
du scrutin, la Kabylie a continué à voter, enregistrant un taux
de participation à la clôture du scrutin de 15,71 % à
Béjaïa, 17,80 % à Tizi Ouzou et 47,56 % à Bouira,
selon des chiffres officiels. Bouira ne comprend qu'une petite partie de zones
berbérophones.
Outre MM. Bouteflika, Benflis, patron du Front de libération nationale
(FLN, ex-parti unique), Saïd Sadi, chef du Rassemblement pour la culture
et la démocratie (RCD, opposition laïque), Abdallah Djaballah,
président du Mouvement de la réforme nationale (MRN, islamiste
radical), s'étaient présentés la porte-parole du Parti
des travailleurs, Louisa Hanoune (PT, trotskyste), et Ali Fawzi Rebaïne,
président d'Ahd-54, un petit parti nationaliste.
L'Algérie a vécu sous le régime du parti unique du FLN
jusqu'en 1989 quand le multipartisme a été institué.
La première présidentielle pluraliste avait vu la victoire du
général Liamine Zeroual en 1995, la deuxième celle de
M. Bouteflika, en avril 1999.
Le Monde. 09.04.04
Abdelaziz Bouteflika ne s'était pas encombré de scrupules
pour violer l'urne. C'était prévisible. Ce qui l'était
moins c'est le délire de ce président décidément
"fossilisé" qui n'éprouve aucune honte à s'octroyer,
en 2004, un score "bréjnévien" de... 83.49% devant
cinq autres candidats. Ce jeudi 8 avril, Bouteflika replonge encore une fois
le pays dans l'inconnu.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Place et lieu d'une élection présidentielle,
le trio Bouteflika-Zerhouni-Ouyahia a fait subir au pays un terrorisme électoral
sans précédent. La fraude n'était pas seulement massive
en effet, mais a emprunté des formes d'une extrême gravité.
Un taux obscène de 83,49%, cela suppose que près de neuf Algériens
sur dix ont voté pour Bouteflika. Une preuve de fraude en soi qui se
suffit déjà à elle-même. L'homme qui se prend effectivement
pour un demi dieu et toute la smala d'opportunistes coalisés autour
de lui entament leur séance de viol collectif dès la matinée.
Nombreux ainsi les observateurs des autres candidats qui ont été
empêchés, de force, dans les bureaux de vote. Des milliers de
bureaux de vote ne seront pas dotés de bulletins de candidats indésirables",
Ali Benflis et Saïd Sadi bien sûr. D'autres bureaux, tout aussi
nombreux, n'ont tout simplement pas... ouvert ! Il s'agit de bureaux ou de
centres de vote où Bouteflika n'avait aucune chance d'obtenir une voix.
Particulièrement en Kabylie où les poulains de Ouyahia ont sévi
à leur manière et dans l'est du pays, quasiment tout entièrement
acquis à Benflis. Des millions d'électeurs auront la désagréable
surprise de ne pas trouver leurs noms inscrits au niveau du bureau de vote
de leur circonscription ou alors apprendront-ils tout simplement qu'une "main"
a déjà voté à leur place. Citons seulement l'exemple
de Tlemcen. Au chef-lieu de wilaya, pas moins de 12 000 électeurs,
n'ont pu voter et seront refoulés des bureaux de vote car leurs noms
n'y figuraient pas. Ce droit, ce seront les comités de soutien au candidat
Abdelaziz Bouteflika qui l'exerceront à leur place. Un exemple à
multiplier par autant de wilayas... Autre technique de fraude typiquement
RND celle-là, consiste en un bourrage massif de l'urne. Le P/APC d'Alger-Centre,
Messaoud Zitouni, d'obédience RND nous donnera un aperçu de
la moralité du personnel "politique" qui entoure Ouyahia.
Pris en flagrant délit de fraude, la veille du scrutin, parce qu'en
sa possession 12 000 bulletins de Bouteflika, il en est dessaisi. Le lendemain,
il récidive avec pas moins de 13 000 bulletins qu'il utilise d'ailleurs
aisément. Des cartes d'électeur, vierges et prêtes à
l'usage étaient en possession des membres des comités de soutien
à Abdelaziz Bouteflika. Se chiffrant en millions, elles étaient
utilisées notamment à la fermeture des bureaux de vote. Des
urnes ont, par ailleurs, disparu. Et elles sont des centaines. Pour être
retrouvées en fin de journée. Pleines de mauvaises surprises,
bien sûr. Dans de nombreux bureaux ou centres de vote, c'est la bonne
vieille technique de la coupure de courant, aux alentours de 19h30- 20h00
qui surprend tout le monde. Juste le temps qu'il faut pour changer les urnes
réelles par celles dont l'ENTV avait retransmis "fièrement"
le dépouillement dans la soirée de jeudi à vendredi.
Des cas extrêmement "hard" sont à signaler aussi. Des
observateurs de candidats braves qui ont refusé de renoncer à
leur devoir de surveillance, et qui ont eu le mérite de résister
aux menaces et intimidations, subiront, dans leur chair, l'extrémisme
du cercle présidentiel. Un exemple parmi tant d'autres. A Biskra, daïra
de Tolga, commune de Lioua, le représentant du candidat Ali Benflis
qui avait été menacé, injurié et pris à
partie par les représentants de Abdelaziz Bouteflika, composé
de civils et d'agents de sécurité nationale, avait résisté
jusqu'au bout. Jusqu'à ce que l'on en ... empoisonne en lui injectant
une substance toxique dans une bouteille de boisson gazeuse. Le pauvre militant
est encore hospitalisé à l'hôpital de Tolga. Les "observateurs"
internationaux de Bouteflika auraient pu au moins "voir" un cas
de ce genre avant de monnayer leur crédibilité et celle de leur
institution-mère par de basses contreparties matérielles. Mais,
à la décharge de ces étrangers, il faut convenir que
les "nationaux" préposés à la même mission,
entendre bien sûr le Conseil constitutionnel et la commission Bouchaïr,
s'avéreront n'être rien d'autres que deux autres vulgaires instruments
de fraude. A l'exception de Louiza Hanoune, une candidate-diversion qui avait
accompli sa mission dont l'avait chargée Bouteflika le lundi 5 avril
dernier, tous les autres candidats contestent légitimement les résultats
de l'"élection". Les trois candidats les plus sérieux
à l'élection présidentielle du 8 avril 2004, à
savoir Saïd Sadi, Ali Benflis et Abdallah Djaballah qui ont coordonné
leurs actions depuis le début du processus, ont cosigné un autre
communiqué, hier vendredi pour dénoncer "ces résultats".
Mais surtout pour affirmer que "nous les (trois) candidats, nous annonçons
officiellement que nous ne reconnaissons pas ces résultats et nous
tenons pour responsables, le président-candidat (et les siens) de cette
mascarade électorale des conséquences et répercussions
de ladite mascarade sur le pays et la nation". Une ambiance de "26
décembre 1991" s'installe et pèse sur le pays en effet...
K. A.
Le soir d'Algérie 10/04/2004
Message du président Bouteflika à Mme Louisa Hanoune
Par Algérie presse service
Le président Abdelaziz Bouteflika a adressé hier à Mme
Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs
(PT), un message dont voici le texte :Chère Madame, Chère sœur,
Il n'est peut-être pas habituel de le faire dans le cadre d'une élection
présidentielle telle que celle que nous venons de vivre, mais je tenais
à vous dire l'orgueil et la fierté qui sont les miens d'avoir
été candidat en même temps que vous dans cette compétition
électorale. En dehors des qualités personnelles et des talents
que vous avez démontrés durant toute votre campagne, mon admiration
vous est acquise pour avoir l'insigne honneur d'être la première
algérienne à postuler pour la magistrature suprême de
notre pays. Par cela même, vous devenez un symbole encourageant et combien
méritoire de l'évolution que connaît la situation de la
femme dans notre société et je dois dire que vous assumez ce
rôle avec beaucoup d'élégance et de distinction, d'engagement
et d'éloquence, et je veux à la fois vous en féliciter
et vous en remercier car vous faites honneur à tous les Algériens
soucieux de l'avenir de leur pays. Vous avez mené une campagne électorale
propre et digne, au cours de laquelle vous avez développé vos
conceptions mais avec la volonté de participer à l'éducation
de nos citoyens, et de développer en eux leur attachement à
leur patrie et de leur inculquer les principes de tolérance et de compréhension
mutuelle qui devraient désormais guider et marquer nos rapports sociaux.
Je vous rejoins entièrement du reste lorsque vous dites avec beaucoup
de conviction aux jeunes Algériens qu'ils ne doivent pas désespérer
de l'Algérie, car ils n'ont pas de pays de rechange et qu'ils ne peuvent
compter que sur eux-mêmes pour prendre en main leur destin et trouver
des solutions à leurs problèmes. Il est indispensable pour cela
que nous nous réconcilions avec nous-mêmes et que nous apprenions
à vivre pacifiquement les uns avec les autres.En vous renouvelant mes
sentiments d'amitié et d'admiration, je vous prie de croire, chère
Madame et chère sœur, à l'expression de mon entière
considération.
APS Samedi 10 avril 2004